Article N° 8232

IPP

Une étude nordique suggère un possible lien entre le recours aux IPP à long terme et les NEN gastriques

Abderrahim Derraji - 01 décembre 2025 18:13

Une vaste étude nordique a révélé un risque accru de 83 % de néoplasies neuroendocrines (NEN) gastriques chez les grands consommateurs d’IPP (inhibiteurs de la pompe à protons).

Présentée à l’United European Gastroenterology Week (UEGW 2025), cette étude soulève des interrogations majeures sur la banalisation des IPP, souvent utilisés sur de longues périodes, parfois sans réévaluation médicale régulière.

L’étude repose sur l’exploitation des registres de cinq pays nordiques et inclut 1 790 patients atteints de NEN gastriques comparés à près de 18 000 témoins.

Les chercheurs ont analysé l’exposition cumulée aux IPP à partir des doses définies journalières et mis en évidence une relation dose-réponse : plus l’exposition est élevée, plus le risque augmente. Dans le tertile le plus élevé (>385 DDD), l’odds ratio atteint 1,83, y compris après exclusion des cas pouvant donner lieu à des biais.

Sur le plan physiopathologique, ces résultats réactivent l’hypothèse d’un rôle de l’hypergastrinémie chronique induite par l’hypochlorhydrie prolongée sous IPP, un mécanisme déjà observé dans les gastrites atrophiques sévères ou la maladie de Biermer. La hausse du risque chez les patients de moins de 65 ans soulève également la possibilité d’une susceptibilité accrue ou d’une exposition plus longue à l’effet hypergastrinémiant.

Cependant, malgré la force de l’association statistique observée, les auteurs appellent à la prudence. Le premier auteur, le Dr Eivind Ness-Jensen, rappelle que l’incidence absolue des NEN gastriques demeure très faible, même chez les utilisateurs réguliers d’IPP, et qu’il ne saurait être question de remettre en cause leur utilisation lorsqu’elle est justifiée. L’étude comporte par ailleurs certaines limites inhérentes aux bases de données, notamment l’absence de gastrinémie, l’impossibilité de mesurer certains comportements ou facteurs exposant à la carcinogenèse, et la nature observationnelle ne permettant pas d’établir une causalité formelle.

Ces nouvelles données invitent toutefois à une utilisation plus raisonnée et mieux surveillée des IPP, particulièrement chez les sujets jeunes ou les patients exposés pendant plusieurs années, et renforcent l’importance d’une indication stricte et régulièrement réévaluée.

Source : medscape.com